METAL.NIGHTFALL.FR
Attention, ça va faire
très mal. Ou plutôt non, dans l’absolu, ça
va faire beaucoup de bien à cette scène Extrême
que vous contemplez depuis des lustres, vous autres habitués,
siégeant dans cette salle obscure en attendant l’arrivée
d’un messie sonore quelconque… Et ça va vous
soulager ce The Great Maddening, je vous le dis, ça va
vous faire grand bien, je vous le promets !
Attention, mesdames et messieurs, un petit théâtre
morbido-symphonico-mélodique va se découvrir sous
vos tympans ébahis, s’incruster dans votre matière
grise de la manière affablement agréable soit-elle,
réjouir vos lendemains de ses quelques lueurs obscures
et sa folie douce mais éloquente, et enfin réinsérer
l’espace d’un album le mot « qualité
» dans le champ lexical du Black Symphonique.
Quelques petites présentations
sont de mises avant le déluge, car sachez que derrière
ce nom "diablement" évocateur pour nous autres
francophone se terre les membres de l’ex-VINDSVAL (ex-membres,
le nom du groupe a changé), plus connu pour leur travail
avec Vratyas Varkas sur les deux derniers FALKENBACH que pour
un Imperium Grotesque qui attisait déjà la flamme
d’un talent évident.
The Great Maddening est donc l’accomplissement
d’une petite dizaine d’années d’existence
dans l’ombre… Vous êtes parés, ouvrons
donc ce grand rideau rouge, et laissez entrez les guignols !
Sur des airs de kermesse médiévale
me rappelant quelque peu la première piste de la démo
du très sous-traité LA RUMEUR DES CHAINES, "Cirqvs
I" ouvre le coffret surprise qui décèle le
corps de The Great Maddening. Court instrumental parcimonieusement
orchestral avec cette petite pincée de folie subtile,
ce léger ton impérieux, qui ne se perd pas dans
le grandiose tout en affichant quelques lumières opaques
et étranges. Le vrai commencement, c’est évidemment
ce "Degenesis- Amor And Seuche" d’une petite
huitaine de minute, archi représentatif de tout le talent
qui sera le béton armé de la pièce : des
premiers arrangements qui ne roulent pas les épaules,
rappelant aussi bien le dernier DIMMU BORGIR que les réalisations
de l’excellent MORGUL, une batterie fluctuante et toujours
alerte, quelques interludes acoustiques, parfois médiévalisantes,
parsemés de chœurs discrets, un chanteur à
la voix cradingue et théâtrale…
Le tout réellement ancré dans une vision théâtrale
du Black Sympho, rappelant nécessairement le grand maître
ARCTURUS, et aussi par instant les symphonies perfectionnistes
et élancées de HAGGARD (c’est voir la fin
du morceau).
Ce bric-à-brac orchestral
ne se fait jamais trop décousu, ni trop violent ou radical,
il donne juste assez pour que les fans de mélodies se
régalent sans pour autant virer dans l’aseptisation
facile. Il s’étend au contraire sur un spectre
d’impression multiples, d’une colère bénéfique
à un malaise viscéral, d’explosions lumineuses
à des retombées énigmatiques ou attristées,
passant de la peinture minutieuse et perfectionniste ou régressant
juqu’à la bouffonnerie déraisonnée
("Mens Insania..."). LE GRAND GUIGNOL ne s’arrête
jamais sur ses acquis, et préfère toujours varier
ses gammes par des foules d'images et d'émotions diverses,
qui se mélangent, s'accouplent et forment finalement
un tout inébranlable.
La fanfaronnerie joue sur des
bases connues, ne transgresse pas tant le genre (Heavy/Black
Sympho en gros) qu'elle l'instrumentalise au gré de ses
pulsions mordantes ! Si d'un point de vue purement orchestral,
la pièce remplit magnifiquement son contrat, la partie
"extrême" de l'album s'arrête malheureusement
à un chant parcimonieux et parfois archi-torturé.
Je regrette que les guitares n'aient pas été un
poil plus dévastatrice, afin de créer une opposition
beaucoup plus nette (idem pour une double pédale un peu
faiblarde)... Argument finalement assez mineur compte tenu de
la puissance, du pouvoir bénéfique et de la virtuosité
de cet album.
"Asuntia" et sa suite
"Lucilinburhuc", baignant dans un Metal Epique et
"filmique" tout à fait honorable représentent
grosso merdo ce que j'attendais de FJOERGYN cette année.
Comme quoi les surprises ne viennent que très rarement
des portes déjà ouvertes, et si The Great Maddening
n’apporte pas tant de nouveautés sur la table,
il s’approprie intelligemment le genre, lui prêtant
un aspect orchestral aussi farouche qu’entêtant,
sans tomber dans le déjanté absolu, mais juste
assez, enflammé et harmonieux pour développer
une palette de contrastes palpables, étendre dans nos
têtes des nœuds de visions oniriques, extravagantes,
obscures ou romanesques.
Le coup de théâtre
de l'année.(?)
Volthord
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