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Louvoyant à la frontière
du sublime et du grotesque, Le Grand Guignol entre aujourd’hui
en scène avec un album où le génie le dispute
en permanence à la folie. Son originalité, ce
quatuor la défend corps et âme, que ce soit dans
ses expérimentations musicales outrancières, son
imagerie début XXe unique ou ses improbables origines
luxembourgeoises. ‘The Great Maddening’ innove en
effet à chaque instant, fourmillant de détails
décalés autant que passionnants. Les passages
acoustiques côtoient envolées néobaroques
et sonorités tziganes ou orientales sur des rythmiques
véloces empruntées au heavy. Né des cendres
de Vindsval, Le Grand Guignol n’a point renié ses
racines black metal, comme le prouvent ces accélérations
furieuses et ces vocaux qui rappellent volontiers ceux de Shagrath
(Dimmu Borgir). Certaines notes de grand piano évoqueront
aux plus perspicaces le Covenant de ‘Nexus Polaris’.
Quant à Philip Breuer, vocaliste halluciné, il
impressionne par la multiplicité de ses registres, passant
avec bonheur de screams haineux, à des narrations dramatiques
proches d’Angizia ou à des vocalises dissonantes
héritées de Korovakill. Malgré ces expérimentations,
le groupe ne se disperse jamais, restant toujours captivant.
En levant le rideau sur cette monstrueuse parade qu’est
‘The Great Maddening’, Le Grand Guignol a donné
ses lettres de noblesse au metal d’avant-garde.
[Dave]
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