VIOLENT SOLUTIONS
Il y a des fois où on se
dit qu'il ne faut vraiment pas se focaliser sur la pochette.
Prenez le cas des Luxembourgeois du GRAND GUIGNOL. Avec cette
pochette un peu ragoutante qui fait penser à un groupe
de black basique, la surprise, une fois la galette placée
dans votre chaîne hi-fi, est de taille. Car si les affiliations
avec le black à tendance symphonique sont présentes
dès l'écoute du premier titre "Degenesis
(Amor & Seuche)", on découvre rapidement un
groupe qui met tout son savoir-faire pour foutre un grand coup
de pied au cul à toutes les idées reçues
et convenues du style. Un savoir-faire qui ne vient pas du (mal)saint-esprit
mais d'une collaboration aux deux derniers albums de FALKENBACH
alors que LE GRAND GUIGNOL s'appelait encore VINDSVAL, une école
qui a permis à ces musiciens de faire leurs armes et
d'affiner leur propos au fil des années.
Alors que la trame musicale fait
penser aux poncifs du genre -les premiers albums de CRADLE OF
FILTH, de DIMMU BORGIR ou MORGUL pour ne se limiter qu'à
ceux-ci- le quintet a voulu y ajouter une grande touche théâtrale
déjantée et surtout faire exploser la qualité
des arrangements propres au styles.
On ne s'ennuie guère à
l'écoute de ces 11 titres servis par des guitares véloces,
une section rythmique pétulante et un panel de voix variées
allant de la narration à la Dani Filth aux vocaux écorchés
à la Shagrath en passant par des intonations possédés
à la Kenny d'...AND OCEANS. Les variations rythmiques
sont légion et le groupe n'hésite pas à
insérer quelques incartades folk, médiévales
ou totalement incongrues à l'image du final très
CARNIVAL IN COALien de "Degenesis".
La musicalité dans son ensemble est de très grande
classe et propose des arrangements orchestraux léchés,
mis au service de chaque morceau et insérés à
la perfection. Point de too much là-dedans, tout est
d'une intelligence fine et semble mûrement réfléchi
pour aboutir à un tout massif et captivant.
Le portefeuille émotionnel
présenté ici est vaste et on se laisse totalement
absorbé par ces passages énigmatiques, ces moments
de folie douce, cette rage incontrôlable, ces envolées
lyriques ou encore cette fausse plénitude inquiétante...
Une alternance constante de moments joyeux et tristes qui font
rebondir les morceaux là où on ne les attend pas.
Le tout s'enchaîne sans discontinuer et avec une cohérence
absolument bluffante.
Seule la production laisse un
peu à désirer, mettant les guitares et la batterie
beaucoup trop en retrait par rapport aux arrangements, faisant
perdre beaucoup de puissance à la musique... Dommage,
car sans ça, on frôlait la copie quasi-parfaite.
Peu de groupes peuvent se vanter
d'avoir aujourd'hui pondu un ensemble d'une telle qualité
et pour cela LE GRAND GUIGNOL mérite toute votre attention.
A ma mémoire, la dernière tarte du style que je
m'étais ramassé en pleine tronche était
la trop courte démo de LA RUMEUR DES CHAINES, projet
tombé malheureusement dans l'oubli sans avoir eu le temps
de marquer les esprits comme il se doit. "The Great Maddening"
ou la bonne surprise que l'on attend pas. A découvrir,
indéniablement.
Foofur
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